Peinture de l'âme, musique du silence et parfois de la stridence, poésie des couleurs, invite à la méditation, l'Art de Lussigny est tout cela à la fois, mais il est d'abord à l'origine : une géométrie de la lumière.

La GEOMETRIE pour le peintre tend, à l'inverse de la " géométrie dans l'espace " mathématique, vers un " espace dans la géométrie ", un espace plan, et singulièrement chez Lussigny vers l'organisation de l'espace pictural par un choix géométrique lélibéré, en l'occurrence la ligne droite, l'angle droit et surtout les structures carrées, ces envoûtants leitmotivs, à la fois identiques et différents, peints sur des toiles carrées qui renvoient inéluctablement, avec le poète, aux quatre horizons qui crucifient le monde. Quant à la LUMIERE, pour ce luministe inspiré, elle témoigne de la présence de l'artiste dans ses créations. Mais le langage de la lumière est, chez lui, celui des couleurs, puisqu'en peinture couleur et lumière sont intimement liées, comme l'a exprimé par le pinceau et la parole le peinture Auguste Herbin, dont Lussigny fut l'ami : " Ne confondons pas, soulignait-il, la lumière est incorporée dans la couleur ". Cette lumière qui est aux tableaux ce que la sève est aux arbres : sans elles, ni les uns ni les autres ne peuvent vivre.

Cette lumière, le 14 Juillet 2001, Guy de Lussigny, l'a vue s'éteindre à tout jamais. Mais par-delà et plus forte que la mort, elle persiste à briller dans l'œuvre accomplie. Une œuvre vivante, habitée, dont le lumineux chromatisme et l'épurement linéaire parviennent à acheminer les yeux et l'esprit vers cette rare sensation, sorte de regard intérieur et jubilatoire, qu'on appelle aussi délectation.